La Compagnie Nationale du Rhône, dont le siège se situe dans le 4ème arrondissement de Lyon, est une « pépite » de l’économie Rhônalpine. Chargée de la gestion du fleuve Rhône entre la Suisse et la mer Méditerranée, elle a fait le choix stratégique de ne développer que des énergies « vertes », renouvelables et non carbonées.
Bien que son actionnaire principal soit désormais le groupe GDF Suez, la CNR – qui associe des capitaux privés et publics * – exclut donc le nucléaire.
Le 14 décembre 2010, Mathieu Bonnet, directeur général de la CNR, a présenté un nouveau concept développé par la société, en collaboration avec l’Institut de Nanotechnologies de Lyon, en prévision du développement du marché des voitures électriques.
Par définition, les énergies renouvelables sont « intermittentes » Le système, ingénieux dans sa conception, semble particulièrement simple dans sa mise en place. Concrètement, le client installe dans son véhicule un boîtier et un GPS (système de géolocalisation à distance). Lorsque le véhicule est à l’arrêt, il lui suffit d’envoyer un SMS pour demander la recharge à distance de la batterie. Deux choix se présentent à lui : une recharge rapide au tarif de base ou une recharge « optimisée » par la compagnie en fonction de l’énergie dont elle dispose. Dans ce cas, le client définit lui même l’heure à laquelle il veut disposer de sa voiture et le nombre de kilomètres qu’il souhaite parcourir. Dans cette version optimisée, le prix de l’électricité est évidemment beaucoup moins cher ! « Par définition, les énergies renouvelables sont intermittentes », explique Frédéric Storck, l’un des cadres de la société qui ont mis en place cette innovation. Si en 2020, on table sur 2 millions de véhicules électriques en France, la CNR à elle seule serait capable de fournir l’ensemble de l’électricité nécessaire… mais il faudrait alors que la demande soit correctement répartie en fonction de l’offre.
Le concept « Move in Pure » affiche cette particularité de gérer à distance la recharge des batteries, sans perturber l’équilibre du réseau. La recharge se fait en fonction de l’énergie disponible et le système assure ainsi l’entreprise ou la collectivité locale abonnée que l’énergie utilisée est 100 % renouvelable.
Le système du « Roaning », copié sur les services de téléphonie mobile« Nous garantissons la fourniture d’un carburant électrique vert, qui provient de notre production hydraulique, éolienne ou photovoltaïque », assure le chef du département gestion production de la CNR … et il s’enthousiasme : « Si cela marche pour les voitures, çà peut aussi fonctionner pour d’autres appareils! »… On peut en effet imaginer faire tourner des machines pendant la journée à partir de batteries rechargées la nuit… Et si les constructeurs s’en donnent les moyens, l’immense parc de batteries pourrait tourner à l’envers et rendre de l’électricité lorsque cela est nécessaire !Les moindres détails de l’opération ont semble-t-il été étudiés, comme par exemple cette idée de « Roaning » copiée sur le fonctionnement de la téléphonie mobile. « Si un de nos clients charge sa batterie sur une prise d’un autre opérateur, le système de facturation doit devenir transparent… à la fin du mois, il reçoit une facture détaillée et nous lui garantissons son énergie verte ». Seul problème pour l’instant : la loi ne permet pas encore la refacturation entre les différents opérateurs.
La CNR produit une électricité « aléatoire »
Chaque jour, les techniciens (dont quatre météorologues à temps plein) définissent la production prévue le lendemain des 19 barrages, des 15 parcs éoliens et des deux centrales solaires de la CNR. Une prédiction qui est cependant aléatoire. La Compagnie Nationale du Rhône a la particularité de conserver en France, l’ensemble de la gestion de ses opérations de vente d’électricité, dans une salle de marché située à Lyon, à proximité du Tunnel de la Croix Rousse !
* À majorité publique (50.03%), l’actionnaire principal (49,97 %) est la société Electrabel, filiale énergie du groupe GDF-Suez. La Caisse des dépôts et Consignations CDC en détient 29,43% et diverses collectivités locales, dont les régions Rhône-Alpes et Provence Côte d’Azur 20.62%.